Saintélyon 2011

Enfin! nous l’attendions de pied ferme, Doudou RUNNER vient nous raconter sa Saintélyon 2012.
Alors par où commencer pour narrer une telle aventure ?

Car oui, il s’agit bien d’une aventure, d’une aventure humaine Cela commence après le marathon d’Annecy 2010, je lance une idée folle, auprès de 2 copains de mon club (Corbas Running) : si on faisait la Saintélyon cette année ?
Pour rappel, la Saintélyon c’est le trail de la région Rhône Alpes que tout coureur à pied doit avoir fait une fois au moins dans sa vie
Pour le marathon c’est New York, pour la région c’est la Saintélyon.

Trail nocturne car départ minuit de Saint Etienne, 68 km au milieu des monts du lyonnais, moitié bitume, moitié chemin, 1300 m de dénivelé positif, 1700 de négatif.
Après quelques réflexions, la décision est prise, nous nous inscrivons.
Septembre la prépa commence et on se fixe d’emblée un seul objectif : FINIR ET ENSEMBLE

Une seule course au programme de notre prépa, le semi marathon de Vénissieux fait en 1H53.
La semaine avant la course est réservée à l’organisation de notre logistique pour cet événement.
Organisation de la pasta party avant la course chez un coureur avec tous les participants et accompagnants du club. (Nous sommes 11 coureurs et autant d’accompagnants)
Organisation des voitures pour nous amener à Saint Etienne.
Organisation pour les accompagnants de la nuit (1 coureur = 1 accompagnant)
On lui confie notre sac avec tout ce que l’on imagine pouvoir avoir besoin, en fait on n’aura besoin de rien.
Samedi 3 décembre 2011 Jour J – 5H00
19H00 Pasta party où la convivialité est le mot d’ordre
21H45 Départ pour Saint Etienne, la pluie qui n’a pas cessé de la journée, redouble au moment du départ et nous plonge dans la morosité.
22H30 Arrivée à la Halle expo de Saint Etienne, un monde fou, on retrouve des têtes connues, des concurrents dorment à même le sol.
Nous nous préparons, on sangle nos Camelbaks, on installe nos frontales, on fini nos boissons d’attente.
23H15 On se met en route, direction le stade Geoffroy Guichard, ou est installée la ligne de départ.
La pluie continue à tomber et on redoute de mauvaises conditions tout au long de la nuit.
23H40 Dernière photo de groupe, on est dans la foule, on aperçoit au loin la ligne de départ.
Nous sommes 6 500 concurrents pour la course en solo.

Dimanche 4 décembre 2011 0H00
Le départ est donné, nous attendons plusieurs minutes pour enfin pouvoir …..Marcher !!
Il nous faudra 6 mn, pour atteindre la ligne de départ et enfin pouvoir trottiner.
Ca y est, nous sommes partis, allure tranquille d’échauffement, on se fait doubler de tous les cotés, pour le moment notre seul but est de monter en régime et de rester nous 3 ensemble.
Le plus gros problème, éviter les flaques d’eau pour avoir les pieds au sec le plus longtemps possible, cela durera environ 5 mn !!!
La pluie redouble mais il ne fait pas froid.
Bitume sur les 8 premiers kilomètres avec éclairage public on économise nos frontales.
Km 5, commence le montée sur Sorbiers, on applique alors notre stratégie : quand ça monte on marche. On doit se faire violence et chacun se fait rappeler à l’ordre par les autres, quand on ne la respecte pas.
Km 9, on abandonne le bitume et on fait connaissance avec la boue, devant nous les premières chutes et les premiers blessés (poignets, chevilles)
Nous redoublons de prudence, puis peu à peu nous sommes pris dans la féerie de ce serpent lumineux, devant et derrière nous.
Impression indescriptible, qui donne des frissons quand on le découvre pour la première fois.
On continue à monter, je me fais plaisir malgré tout dans le peu de petites descentes présentent sur cette partie du parcours, j’ai de bonnes sensations, jusqu’au moment de doubler un coureur, celui-ci s’écarte de sa trajectoire soudainement pour éviter une flaque et d’un coup d’épaule va me faire faire connaissance avec la boue.
Heureusement, pas de mal, on me relève, tout va bien, juste la sensation désagréable de mouillé sur ma jambe gauche qui avait fini bien évidement dans une flaque de boue.
Km 16 ravito de Saint Christo, 2H04 3901 ème position
La pluie s’arrête, des lumières d’un seul coup, une petite grimpette et on y est.
C’est plein à craquer, bousculade pour obtenir un thé et une moitié de banane, une poignée de pates de fruits.
On boit notre thé sans se presser, lorsque l’on ressort nos accompagnateurs sont là pour prendre de nos nouvelles et nous donner des nouvelles des autres coureurs du club, on en retrouve un petit groupe de 4. Nous voilà repartis dans la nuit et sur les chemins qui se rétrécissent à vue d’œil, et l’on attaque la montée au point culminant de l’épreuve à 855 m.
Nous voici dans le dur, la partie difficile commence, chemins étroits et piégeux, les chevilles s’en souviennent et ceci va durer jusqu’au 45 ème km.
Nous n’en menons pas large et appréhendons un peu cette partie de parcours, cela ne durera pas car nous sommes pris par la magie de cette nuit noire mais parsemée de petites lumières qui s’étendent sur des kilomètres de chemin.
Quelques flocons de neige font même leur apparition pour ajouter un peu de beauté au spectacle.
Km 21 Ravito de Moreau, 3H07 3728 ème position
Sur ce ravito improvisé au milieu du village nous buvons un thé, nous sommes presque arrivés au point culminant et ensuite reste à négocier la descente sur Sainte Catherine.
De la boue toujours et encore mais tout se passe très bien pour nous.
Km 30 Ravito de Sainte Catherine, 3H54 3728 ème position
Nous avons réussi une belle descente ce qui nous a permis de doubler 89 coureurs en 9 km.
Contact avec nos accompagnants, nous n’avons besoin de rien. Nous prenons notre temps, soupe, thé, chocolat, remplissage du Camelbak. Et arrêt pipi sont au menu.
On repart pour la dernière grosse partie de chemin et on attaque bien sur par une grande montée, ensuite c’est la traversée du bois d’Arfeuille, descente hyper technique car très raide et surtout jonchée de cailloux et de rocs, annoncée de partout très dangereuse.
Mais cela se passe encore une fois très bien, nous ne ressentons pas la fatigue et nos appuis sont surs et efficaces, même lorsqu’il faut sortir du rang pour doubler et du coup prendre la mauvaise partie du chemin, notre deuxième frontale au poignet nous permet d’avoir un éclairage au top pour nos appuis et de ce fait nous réalisons encore une très bonne descente.
Km 36 Ravito de Saint Genoux, 5H34

La moitié est faite, le vainqueur est arrivé depuis 38 mn !!!

Un thé et un chocolat et comme après tous les ravitos on repart avec une montée, celle-ci est merveilleuse car elle nous permet une dernière fois de profiter de ce serpent lumineux qui est aussi long devant que derrière, cela nous réconforte surtout de les voir derrière nous.
Enfin, au loin, apparaissent les premières lumières de Lyon, cela fait un bien fou de les voir briller.
Descente sur 9 km, les cuisses et les chevilles sont bien sollicitées, mais nous sommes encore bien en jambes et nous passons le cap du marathon (42,195 km)
Grande première, car le marathon restait la distance maximale que nous avions courue jusqu’à présent. Autre fait nouveau, le passage de ce cap se fait sans ressentir aucune douleur.
Km 45 Ravito de Soucieu en jarrest, 6H48 3322ème positions
Nous avons encore doublé 251 concurrents dans cette descente, tout va bien et notre stratégie commence à payer.
Nouveau contact avec nos accompagnants, nous prenons des nouvelles des autres coureurs du club, les fortunes sont diverses, le premier est en vue de l’arrivée, 3 autres sont devant nous dont notre coach qui est malade et puis un autre groupe derrière nous qui souffre de crampes et de problèmes gastriques.
De nouveau nous prenons notre temps, thé, remplissage du Camelbak, arrêt pipi.
Nous repartons, une petite cote dans le village et descente jusqu’au Garon, nous retrouvons le bitume avec plaisir.
Le jour se lève au 48ème kilomètre, et amène avec lui quelques raideurs dans les jambes, la magie de la nuit n’opère plus et la réalité nous rattrape.
Remontée sur Chaponost, le panneau du 50ème kilomètre est là, et les premières douleurs également.
Cette partie est magnifique, de beaux chemins mais aussi assez casse-pattes, avec des successions de montées et de descentes, de ce fait nous doublons un grand nombre de concurrents qui marchent.
Une montée bien raide avec des cailloux qui roulent sous nos chaussures nous fait rouspéter pour la première fois depuis notre départ, premier signe que la magie de la nuit n’opère plus et que le jour nous a ramené la fatigue de notre nuit blanche et de nos efforts.
Km 57 Ravito de Beaunant, 8H37 3119ème position
Arrêt prolongé, on a faim et on se jette sur les cakes et sur le thé, on a tourné toute la nuit avec des barres énergétiques et des fruits secs, ils nous faut du solide maintenant.
Et une nouvelle fois nous repartons, et bien sur par une montée et quelle montée !!! Deux kilomètres avec un départ très raide, fidèles à notre stratégie nous marchons, il parait que même les premiers ici marchent, alors ….Nous sommes maintenant sur la colline de Sainte Foy les Lyon, des membres du club sont là pour faire les 9 derniers kilomètres avec nous.
Cela, ajouté au soleil qui commence à percer et à une vue magnifique sur Lyon nous redonnent du tonus et nous descendons gaillardement sur Lyon avec un bon rythme, cela ne durera pas, le parcours passe par des escaliers le long du tunnel de Fourvière qui nous arrachent quelques jurons.
Puis les quais de Saône, la confluence, là, grosse fatigue on marche un peu en se ravitaillant.
Km 64 Lyon 9H29, 3039ème position
Pont Pasteur, escaliers et enfin quais du Rhône, d’autres membres du club viennent nous encourager et nous accompagner sur les derniers kilomètres.
On serre les dents, le mental prends le dessus, on sourit pour les photos, puis entrée dans le parc de Gerland, on passe sous la flamme du dernier kilomètre, et comme par magie nos jambes reprennent du poil de la bête.
Nous découvrons de plus en plus en plus de monde, beaucoup d’encouragements et de félicitations, puis les panneaux qui défilent : 500m, 300m, 200m, 150m, on se met tous les 3 en ligne on se tient par la main et on accélère.
Enfin nous passons la ligne d’arrivée, les bras levés, signe de notre victoire sur nous même.
Km 68, 10H07 2985ème position
Nous sommes fiers de notre course, certes le premier est arrivé depuis 5H13, mais cela ne gâche pas notre bonheur et au final nous aurons doublé 916 concurrents depuis le 16ème kilomètre.
C’est avec ce sentiment de fierté et le la tête haute que nous allons chercher notre tee-shirt finisher.
Puis accolades et embrassades avec tous nos collègues, amis, familles présents, comme par magie, nous ne ressentons plus aucune douleur, le monde semble s’être arrêté et nous vivons ce moment comme dans un film au ralenti.
Nous allons tous les 3, boire une bière ensemble avant de retrouver tout le monde dans les gradins, les paroles ne sont pas nombreuses mais nos regards en disent long sur l’intensité des sentiments que l’on ressent.
Voilà à quoi nous somme accros, à ce petit moment ou le temps ne compte plus et ou l’on se sent sur un nuage, je souhaite que tout le monde puisse ressentir un jour ce moment.
Nous retrouvons tout le monde dans les gradins en attendant d’aller accueillir nos derniers coureurs et de pouvoir tous partager ensemble ce moment intense avec une coupe de champagne.
En conclusion, nous avons vécu une nuit magique, cette ambiance est indescriptible et nous comprenons maintenant pourquoi lorsque les gens parlent de la Saintélyon, ils ont les yeux qui pétillent, cette épreuve est formidable.
Pour nous 3, si nous ne somme pas blessés, nous avons déjà décidé de refaire cette épreuve en 2012 avec ce coup-ci un objectif de maxi 9H00.
Je ne peux que vous encourager à participer à cette aventure, alors à bientôt sur les routes de la Saintélyon.

1 réflexion sur “Saintélyon 2011”

  1. Bravo doudou you did it comme disent les américains! super exploit sportif! et ton compte rendu me donne envie de courir de nuit…de suite.
    Vivement la vidéo!

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