rando à deux

Chausser ses baskets. Explorer un nouveau massif. Goûter l’eau des rivières. Nager dans un lac. S’embrasser à 3000 mètres.

Aaah le frisson d’évoluer loin des sentiers battus! Cette sensation d’aller vers l’inconnu. Cette perte de repère qui te berce d’émotions. Vais-je y arriver ? Vais-je renoncer ? On a tous connu ce moment où il s’agit de lâcher prise. Se lancer.Oser.

Nous venons de passer le Pas de l’Olan à 2683 mètres. En contrebas j’aperçois le refuge, et bien plus loin la chapelle de Valgaudemar, point de chute de notre excursion dans le massif des écrins. Tout à coup, des cris, nous distinguons comme une masse orange qui décolle du refuge. Elle prend rapidement de la vitesse et s’engouffre dans la vallée en rase motte.Non !! mais c’est un humain qui pilote ce truc !!!

Puis, nous entendons un souffle au dessus de notre tête. À peine les yeux levés, qu’un second trompe la mort dévale les 1600 mètres de dénivelé négatif en un temps stratosphérique. Du jamais vu. Impressionnant. Du wingsuit. Un sport extrême. Un peu beaucoup trop à nos yeux de terriens. Nous, notre saut dans le vide, il s’est passé dans l’autre sens.

Au petit matin, nous avons décidé de prendre de la hauteur. Pas un bruit, pas après pas, nous suivons du regard les cairns qui nous montrent la voie. Devant nous, se dresse une belle arête. Trop de gaz, nous stoppons nette notre progression. Le sommet du pic de Turbat nous tend les bras. Je réfléchis. À droite, le passage rocailleux semble accessible. Sage décision. Des empreintes au sol confirment le détour. Rien ne peut à nouveau nous freiner. Encore un dernier pas d’escalade et nous atteignons le sommet. 3028m.

Un regard. Un baiser. Une vue à tomber. Juste le temps de réaliser.

Aaah nous venons de poser le pied à 3000m! L’altitude nous enchante. Comme un refrain qui voudrait crier…toute première fois.

Trois jours d’évasion dans le massif des écrins. Cet immense parc national abrite 7 vallées, 150 sommets de plus de 3000m et quelque 10 000 hectares de glaciers.

La vallée de Valgaudemar nous a ensorcelé. Baignés de son soleil, éprouvés par les chemins escarpés, nous avons rafraîchi nos corps dans un lac. Magique cryo, pour soigner des muscles fatigués.

Comme par enchantement, nous avons peu dormi et beaucoup frissonné. Telle une incantation, nous avons respiré à plein poumon, bu l’eau des torrents, jeté un sort à deux tartes aux myrtilles.

Apprentis randonneurs, nous apprécions devenir plus lents, à écouter le silence. Piégés dans un écrin de nature, qu’il est bon de transpirer sans faire illusion.

La formule est délicieuse. Il suffit de marcher. À toi le charme de la montagne et son écran en haute résolution.

Cette rando, c’était comme les autres, un sortilège de bonheur.

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