C’est par une belle matinée d’automne que notre petit groupe de coureurs découvrait Berlin. Deux jours pour visiter, un jour pour courir, le programme du week-end s’annonçait chargé pour découvrir l’étendue de cette ville.

Son passé historique, ses nombreux parcs bucoliques, et ses monuments bien germaniques ont largement explosé notre compteur kilométrique. YAYA, Berlin, on a tous adoré sans compter se balader à coup de U-bahn dans tes nombreux quartiers. Si bien qu’il était presque possible de nous confondre avec d’autres touristes.

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Achtung !… c’était sans compter sur l’appel du dimanche matin 8h près de la place du BUNDESTAG (parlement) où plus de 41000 futurs marathoniens s’étaient donnés rendez-vous. Comment vous décrire cet instant…c’est comme une grande manifestation pro-sportive, dont le cortège part en courant du centre de Berlin pour y revenir 42,195 kilomètres plus tard.

Un marathon ma petite dame, que dis je la fin d’une préparation de 10 à 12 semaines 14492605_1670586646549802_1271361666133746175_nd’entraînement, soit plus de 500 kilomètres parcourus pour en arriver là… tu grelottes, tu fais 36 pipis de la peur, tu t’agrippes pour atteindre ton SAS de départ en fonction du chrono espéré…et puis c’est la délivrance…9h le départ est enfin donné sous un tonnerre de cris de joie.

Jorge, est parti 10 minutes plus tôt avec les kenyans. Le reste de la troupe s’est regroupé en mode love-love. Céline et Cédric, Marlène et Stéphane partiront ensemble le temps de quelques foulées avant de faire route séparée.

Que de monde, toujours des coureurs sur ta gauche et ta droite, le début de parcours reste toujours pour moi une épreuve. Se faufiler pour ne pas ralentir la cadence et enfin trouver son rythme de croisière, je galère un peu à trouver une foulée stable. Mes premiers temps de référence sont bien en dessous de ceux espérés pour battre mon record personnel sur la distance, 3h40.

Jusqu’au 10ème kiloc4160925berlinmarathon-026mètre, je fais course commune avec ma douce avant de lui fausser compagnie. Je sais qu’elle est en forme et je l’imagine bien me rattraper par la suite. Enfin le plus loin si possible, car je sais que ma marge reste minime puisqu’elle compte bien égaler son record perso, 3h44….aaaaahhh l’égalité homme-femme en course un pied tout un programme !

En attendant, je continue de zigzaguer dans cette cette masse de coureurs en observant toujours la même stratégie. Prendre une cible et ne pas la lâcher d’une semelle. Je vais ainsi jongler pendant une vingtaine de kilomètres de la petite brune au grand bonhomme, de la couette blonde à la jeune athlète. Elles seront parfois dépassées ou me largueront sans complexe et sans savoir toute l’attention que mon regard leur portait.

Tout autour de moi, les applaudissements se font entendre, les kinders cherchent à taper des FÜNF (enfin taper des CINQ pour les non bilingues)…bref l’ambiance est au beau fixe. Seul souci, elle n’est pas en diapason avec le rythme de mon moteur. Perte d’essence ou peut être encore un coup de Volkswagen ?!?…tw1-0098je ne sais pas, mais la fiabilité de mes voyants passe lentement au rouge. À l’approche du 35ème kilomètre, un rapide calcul mental envoie aux oubliettes mon record perso. À ce moment là, le marathon est cruel. Les jambes sont dans le dur et seul le mental peut prendre le relais.

Le mien a du rester accroché sur une brochette de bretzels.

Bon, c’est toujours mieux que la mésaventure de Jorge qui vomira plusieurs fois à partir du semi ses pâtes libano-italiennes avalées sans conviction la veille du marathon. Il terminera aux forceps en 3h45 et mettra le même temps par la suite à chercher Isabelle qui avait déserté le point de rendez vous…préférant nous prendre en photo du haut de la porte de Brandebourg plutôt que devant la Fuego !

Ou bien encore de Marlène qui en manque de fer pendant toute sa préparation, s’accrochera pour terminer son marathon en profitant avec plaisir de l’évènement…et qui déjouera toute la sécurité et rigueur allemande pouimg_3766r revenir enlacer le héros du jour.

L’homme de la situation, le croqueur de strudel, le Jurgen de Berline…son homme, Stéphane qui franchira la ligne avec brio pour devenir marathonien. Bien joué le Steph, et dire qu’au final nous sommes partis de Berlin avec la médaille mais sans manger une saucisse, quelle injustice !

Un petit coucou également à notre ami René qui lui n’hésitera pas à porter réclamation après sa course sur cette réputation de marathon le plus rapide au monde…

Je m’égare avec mes compagnons, mais je n’oublie pas ma fin de courseenfin notre fin de course!tw1-0848

37 ème kilo, j’erre dans Berlin l’âme en peine quand soudain une main me claque le derrière et me lance un accroche toi et suis moi ! C’est elle, ma douce qui vient de me déposer en un quart de secondes et réveiller mes neurones engourdis.

À ce moment là, soit je relance la mécanique et je termine avec elle soit je plante tout et je mets une croix sur le mythe de l’homme qui court plus vite que sa femme. Bon ça vaut ce que ça vaut, je sais que cette deuxième pensée à un bon goût de macho mais sur le coup elle a au moins le mérite de booster mon égo. Je la talonne sur 2 kilomètres avant de revenir à sa hauteur. Là ni une ni deux, je lui balance un traité de paix pour terminer ensemble. Après un long silence, elle me renvoie dans les cordes “ok si tu restes dans mon allure”. Je jette un coup d’oeil à ma montre, elle est encore dans les temps pour cramer son record.

On va s’accrocher. Ça va se jouer à une poignée de secondes. Nous terminons en pile 3h45. La fatigue commune et les deux derniers kilomètres ne nous permettront pas d’égaler son chrono. Mais quel bonheur de finir main dans la main après un si long effort.img_3784

Une belle médaille, de beaux sourires, et quelques litres de bières clôtureront ce week-end entre amis.

Le marathon de Berlin restera gravé dans nos mémoires. En tout cas, c’est dorénavant avec fierté que nous pouvons dire ”ich bin auch ein berliner”.

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