Une montagne. Un Everest. La longue étape qui nous attend peut toujours paraître insurmontable. Avec ses 91,7 kms, elle est la plus longue étape de l’histoire du marathon des sables. Historique.
Sur la ligne de départ, le stress est palpable. Le vent souffle fort. Nous posons avec un blue japonais! Même tenue que les bads en taille XS !
Le départ est montant, sablonneux.
Alors, tranquillement, nous en profitons pour nous réveiller musculairement. Olivier et Damien s’éloignent. Je les reverrai dans plus de 14 heures.
Avec Benoit et Jorge, nous trottinons jusqu’au CP1. Aujourd’hui, comme tous les autres jours, nous réfléchissons en CP, pour ne pas nous miner le moral. 7 CP nous attendent. La stratégie, rejoindre le CP 5 avant la nuit et tout donner à partir du CP7.
Au CP1, strappage de cuisse pour Bip bip. Une montée de djebel plus loin, nous nous détacherons. Moment particulier où ton pote n’est pas à 100%. Il va connaître la longue dans ce qu’il y a de plus dur mais terminera en serrant les dents. Respect.
Mon compagnon du jour, de combat est un métronome. La longue, avec Jorge on l’adore. Nous connaissons notre allure de course. Nous savons que nous allons tout donner, rien lâcher. Mon beauf, c’est le partenaire idéal pour aller au bout, au bout de cette énorme étape ensolleillée, ventée, caillouteuse, sablonneuse, désertique.
Depuis le départ, j’ai branché mon ipod. Je sais qu’il a 19 heures de charge alors je l’avais économisé jusque là. Il est mon précieux et va accompagner mes pensées. 8 chansons pour mettre la patate puis une chanson pour les montées de larmes. Ces chansons qui bercent ma vie, ces airs qui ont marqué mon coeur. Je pleure à la première mélodie. Un touché-coulé qui me rapproche de mes proches, ceux qui me suivent de loin et ceux trop tôt partis. J’adore ce yoyo d’émotions qui me donne la force d’avancer. Je ressens cette force de vivre. De courir. Courir pour sentir que la vie est belle. La longue, c’est une douce thérapie. Mes larmes effleurent mes joues, les visages trottent dans ma tête, un sourire, un éclat de rire, la caresse d’un regard. Je pleure. Difficile d’oublier, impossible à oublier, tous ces moments partagés qui reviennent submerger mon esprit. Philippe. Ma Grand-Mère. Cette vie qui nous balance. Qui nous pousse à lutter, qui nous force à combattre. Mon Père. Ma Mère. Mon oncle. Je cours. Mes larmes sèchent. Ma chapelle est belle. Ma douce. Un cri d’enfant. La chaleur d’une petite fille dans mes bras. Je les serre contre moi. Je vais leur rapporter la médaille.
15h et quelques minutes plus tard, nous allons franchir la ligne d’arrivée. Magique. Que de souvenirs encore. Je trottinerai avec Marco OLMO partit 3 heures derrière nous. Notre plan marchera parfaitement. Au CP5, nous nous équiperons pour la nuit. La frontale, la fraîcheur d’une nuit étoilée, et nous voilà comme en 2013 pris de le même folie. Avec Jorge, nous allons courir. Doubler sans arrêt. Notre énergie commune est sans faille. Nous doublons. Nous terminerons cette étape en sprint à 11/12 km/h. La ligne d’arrivée est franchie. Un regard, une accolade. Nous savons que nous n’oublierons pas. Frère de sable. Futur finisher. Peu importe. Nous avons tout donné. Je suis sec.
Demain, c’est jour de repos. Le vent souffle fort. Je m’engouffre dans mon duvet après avoir attendu en vain Benoit sur la ligne d’arrivée. Le sommeil viendra très tard.
Bises salées
C’est avec beaucoup de bonheur que j’ai lu le récit de chaque étape. Vous nous avez fait partager des émotions fortes.J’ai moi aussi une pensée aujourd’hui pour les êtres chers qui sont partis trop tôt.Cette aventure humaine , c’est comme pour vous, inscrit en nous. Nous avons un autre regard porté sur le monde qui nous entoure et nous croyons tous à la fraternité….