ultra trail

J’ai eu soudainement l’envie de m’évader sur les chemins de Belledonne. Retrouver ces cailloux qui m’ont fait trébuché sur cette belle échappée. Je ne vous jette pas la pierre, pierres, mais un peu de rangement ne serait pas du luxe !

Ce samedi 24 août 2019, 4h30 du mat, j’ai dans la tête des envies d’abandon. Chose nouvelle pour moi sur un ultra. J’avance à petits pas, déjà 23 heures d’effort. Je suis à mi-parcours de l’Intégrale de l’échappée belle.

Depuis le vendredi 23 août, 6h, 550 coureurs tentent de rejoindre Aiguebelle depuis Vizille en traversant la chaine de Belledonne, 149 kilomètres et 11000 de D+. Une seule traite, un beau morceau et surtout une sacré boucherie. Le speaker nous aura prévenu avant le départ, 50% d’entre vous seront finishers…gloups…alors un seul mot d’ordre Gestion, GEStion, GESTION !!!

Le col de la mine de fer, la brèche de la roche fendue, le col de la vache…Ça n’évoque pas la ballade bucolique du dimanche mais plutôt la dynamite des ischios, la barre à mine des mollets ou “putain la vache, c’est quoi ce pierrier !”

“Soyez vigilant” “Chutes de pierres” “N’espérez pas faire un chrono”. Le road book alerte et répertorie par couleurs les passages techniques jusqu’au violet. Et oui, sur cet ultra-violet, la difficulté rayonne en permanence. De quoi donner des sueurs froides.

Peu ou pas de répit sur ce parcours montagnard, tu finis la montée en rêvant à la descente mais une fois le col franchi tu te surprends à espérer la prochaine montée en enjambant les pierres tel un équilibriste. 

L’effort est violent, animal, dans un décor sauvage. Tu t’agrippes, tu slalomes, tu enjambes pour avancer. Les kilomètres défilent. Deux, trois, quatre kilomètres par heure. Une allure de dingue. Celle qui te laisse profiter du décor. Le reflet des lacs te renvoie à ta propre nature. Pas de superficiel que du réel. Ton souffle rejoint le point culminant de Belledonne. La croix de bois, avec les inscriptions gravées sur son chevron horizontal qui te laisse pantois ” METTRE L’AMOUR AU SOMMET “.

Brut de décoffrage. Vous l’avez compris,  l’échappée belle se savoure à chaque instant. Ce morceau de bravoure aura eu raison de mes forces. Manque de lucidité, moral en berne, la tête a lâché prise dans une ultime montée.

Le repos de la base de vie du Pleynet n’y aura pas suffit. L’assistance de course était pourtant au rendez-vous. Souriante, bienveillante. À refaire, j’aurai dû opter pour un pacer. Histoire de retrouver un second souffle pour rejoindre cette ligne d’arrivée et son graal. La cloche.

L’abandon résonne toujours dans mes pensées. C’est le genre de course qui ne te laisse pas indemne. L’engouement des bénévoles, la beauté des paysages, c’est un trail qui pique au cœur.

C’est décidé. Je retournerai avec Dom, Céline et Marlène cet été, avaler le Moretan du Pleynet jusqu’à la vallée.

Pour cette échappée 2019, il restera gravé qu’en explosant le record en 23h55 la cloche sonne sonne, sa voix d’écho en écho dit au monde qui s’étonne c’est pour François D’Haenne la couronne !

Bercé par la chanson “better people” de Xavier Rudd, un morceau folk, un petit diamant, j’ai rassemblé en 3 minutes les images toutes plus belles et plus dures de cette échappée 2019.

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