5 heures du mat. Je me frotte les yeux, remonte mon buff j
usqu’aux oreilles. Dans 3 heures nous serons sur la ligne de départ.
Doucement, notre rituel va se mettre en place avant que les marocains ne viennent démonter notre tente vers 6hrs. Le campement est itinérant, alors chaque jour environ 150 hommes chargent et déchargent les tentes en criant des “yalla yalla” à tue tête !
Pendant ce temps, tu dois t’organiser pour manger, préparer tes pieds (j’ai talqué sur les bons conseils de Jorge Mr Zéro ampoule en 2013), récupérer ton eau (passage obligatoire au contrôle chaque matin), et surtout ne rien oublier sur le bivouac !
8H30 briefing de Patoche, Patrick Bauer le directeur de course, on fête les anniversaires du jour, on applaudit les abandons ?!? Certains ne sont pas venus ou déjà blessés. Nous serons finalement 1329 partants. Le peloton se regroupe. On en profite pour
faire une photo souvenir spécial MDS…30 ans au compteur !
Dans la cohue, on se perd. Nous retrouverons Benoit et Damien plus loin. L’hymne tant attendu des runners du désert retentit enfin…ACDC, Highway to hell!…tout un programme!
Ça hurle de partout, l’hélico fait des raz mottes à n’en plus finir au dessus de nos têtes. Ça y’est , nous courons. Je regarde mes potes. Je suis content d’être là. Je profite et me laisse happer par la foule.
Pour cette première étape de 36,2km entre Jebel Irhs et l’Oued Tijekht. Je retrouve à l’identi
que le parcours de 2013. Rassurant. Nous gérons notre allure et le paysage défile. Cailloux, crevasses, et un peu de sable jalonnent les premiers kilomètres. 
Nous atteignons ensemble le CP1 (check point où l’on nous ravitaille en eau, 1,5l ou 3l soit entre 10 et 15 litres d’eau avalés par jour!). On s’arrose, gobe une pastille de sel (deux à quatre par heures selon la chaleur pour éviter la déshydratation) mange un bout de barre énergétique (environ une par heure) et c’est reparti.
La partie entre le CP1 et le CP2 est remplie de dunes. Notre progression s’adapte au terrain. Il est temps de tester nos guêtres. C’est avec soulagement que nous atteignons le CP 2. Benoit souffre du frottement des chaussures sur ses maléoles. Ses HOKA s’affaissent à l’intérieur, ce sera juste le début du calvaire pour BIP-BIP.
Le MDS est sans pitié. Le moindre grain de sable et l’aventure prend un autre tournant. Celui du courage et de la souffrance. 
BIP BIP ne claironnera pas dans le désert mais il portera fièrement son cor de chasse jusqu’à la ligne d’arrivée. Respect mon frère de sable !
Fin d’étape en 5h30, 30 minutes de moins qu’en 2013.Nous entamons quelques pas de danse pour célébrer cette première étape. Il est environ 14 heures. Le top.
Pour l’instant, place à la récupération. Je profite du peu d’attente pour envoyer le petit mail de la journée. Je sympathise avec un gars qui a fait l’étape en 4h30. Je le croiserai souvent par la suite. Il terminera 100 ème du MDS. 
Ce MDS sera jalonné de belles rencontres. La vie du campement compte énormément et impacte forcément le mental du coureur. 
Dans notre tente 93, nos galériens seront de véritables perles. Arrivés dans les derniers, blessés aux pieds, il vont devoir patienter des heures aux soins puis manger souvent de nuit. Pourtant, Chantal et Jean-Pierre ne se plaindront jamais, conserveront le sourire dans l’adversité. Et même, si Michel nous quittera un peu plus tôt, je garde un profond respect pour ces coureurs qui vivent leur MDS !
De bien belles rencontres, vous dis-je !
Demain, la montagne est annoncée au programme…les badbornes s’endorment le coeur léger, prêts à remettre le couvert !
Bises salées
Extra de lire cette l’aventure de nos héros !