Se préparer de façon ingénieuse. Se nourrir du collectif. Avoir un mental généreux.

Sur un ultra, on part toujours un peu vers l’inconnu. Il est difficile de tout maîtriser, d’anticiper, de prévoir. Enfin, c’est ce que je croyais jusqu’à ce week-end.

J’ai assisté au rassemblement des amoureux du caillou, des frappadingues du dénivelé et des mordus de Belledonne. Les fous de la cloche qu’on les surnomme dans ce massif sauvage.

Ooooh je vous rassure, ces quelques 1400 coureurs ont tous bien toute leur tête. Il ont juste une furieuse envie de décrocher la timballe. De faire vibrer Aiguebelle et ses environs.

Ici, exit le roulant, tu te prends un shoot d’altitude qui te secoue les neurones. Tu fais du corps à corps avec la nature. Tu luttes avec la pierre.

Aie ! aie ! aie ! mes pieds. Ouille ! mes cuisses. Ici, ton corps devient un produit recyclé. C’est beau, mais c’est dur.

C’est là bas que j’ai rejoint un groupe de fous, recherché depuis des années, alors qu’ils avaient été condamnés à ne courir que sur du bitume.

J’ai sympathisé avec Dom le sanglier. Il aime diriger les opérations. C’est un local, il connaît les moindres recoins. Chez lui, au fond de la pièce, il y avait Fabien ou Damien je ne sais plus trop. En tout cas, c’était un petit futé car il était à l’origine de ce plan de génie : braquer l’intégrale de l’échappée belle.

Il avait tout prévu dans les moindres détails. Les heures de passage, noté le D+, quantifié le cumul de km. ” Rien n’est laissé au hasard. J’ai foutrement bien tout organisé”, me disait-il . Ils rigolaient à gorge déployée, une vraie bande d’assistance tous risques.

 

Le procédé est ingénieux. J’écoute les paroles de Fabien dit Fabuche. Je me souviens de son surnom maintenant.

Pour demain, toi tu feras équipe avec Stèf le terrible, vous suivrez Céline et Marlène dit les super womens qui me feront diversion sur le 87. Tu verras ce sont des machines, une soupe deux trois carrés de chocolat et elles finiront le chantier.

Vendredi, 4H30 du mat, je pars de Vizille. Je vais gérer jusqu’au km 65 et arrivé tout frais au Pleynet. Et là, bim je “pace” Gaylord dit le fort. Membre du clan des sangliers, ce paquet de muscles va m’envoyer du lumens et me dynamiter le chemin au saucisson pour faciliter ma progression de nuit jusqu’à Super Collet.

Et là wesh myrtille, c’est kiki qui prend le relais? C’est Manon la brindille ! On survole les crêtes et on pique un dernier looping pour ramasser la cloche.

Oh la bande de malfrats, ils ont osé. Dompter cette incroyable course et en revenir auréolée. Fabien a réussi là où la moitié ont échoué.

Son plan s’est déroulé sans accroc. Il a eu raison du sommeil, éviter les embuches. Les super womens ont raflé les points ITRA. Les sangliers se sont volatilisés dans la nature. On les aurait aperçu livrant des bières aux refuges du coin ?!?

Suite à son exploit, Fabien dit Fabuche est devenu Fabuche la bûche. La dernière fois que je l’ai vu, il filait le parfait amour avec Manon vers une nouvelle aventure. Une belle échappée.

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