rando-course

Se lever aux aurores. Respirer la nature en respectant le couvre-feu. Marcher, courir dans le Beaujolais

Cela faisait longtemps que l’idée germait : parcourir d’une trotte les 74 kms du sentier Estelle.

Je l’ai reconnu, découvert cette fin d’année et je vous en ai déjà parlé dans un précédent article.

Lundi 21 décembre, je consulte la météo beaujolaise et la date du mercredi 23 décembre semble offrir une température très clémente pour la saison (13°c, pas ou peu de pluie).

Je soumets mon projet d’aventure à ma douce. C’est décidé nous serons deux, et peut être plus car je diffuse aussitôt le projet sur les réseaux.

Nous rejoindra qui pourra, l’effort est conséquent et la barrière horaire restreinte par le couvre-feu (6h30-19h30).

Il apparaît évident d’associer notre traversée à celle de la recherche contre le cancer. Je sais qu’à un moment ou un autre nos pensées se baladeront aux côtés de nos proches trop tôt partis, à ceux qui luttent contre cette maladie. La collecte reste accessible en ligne jusqu’au 31 décembre.

Mardi 22 décembre, veille de départ, la pression monte et je retrouve les routines de l’avant-course. La préparation du matériel pour optimiser le confort d’une sortie longue (le sac, vêtements, alimentation). C’est toujours un moment particulier où tu es sur le qui-vive du moindre signe suspect, d’une articulation ou d’un muscle bien décidé à te faire douter d’une telle sollicitation. Y’en a marre des extras nous on veut rester faire du gras !

Tel un ingénieur-méthode, je me lance dans un plan de route afin d’être de retour à la maison pour 20h. Je file répartir quelques bouteilles d’eau qui feront office de ravitaillement sur notre parcours réalisé sans assistance.

Sans aide extérieure, mais avec le soutien de la bande qui a répondu à l’appel pour nous accompagner jusqu’à mi-parcours.

Mercredi 23 décembre, 6h30 nous arrivons à Beaujeu. Manon et Fabien sont là, sourire aux lèvres. Un selfou devant la maison du terroir beaujolais et c’est parti.

Il fait nuit, nos premières foulées s’installent tout comme les quelques étales du marché.  Un bout de Rochefort, un crochet par les Ardillats et le sentier nous guide vers le haut-beaujolais. Ça papote sévère. Nos rétines s’extasient devant le jour qui se lève. Il fait bon, j’enlève une couche, le groupe avale les kilomètres sans sourciller.

Première recharge en eau au col de Crie (altitude 624m). Il est temps de se faufiler entre les douglas. Les petits singles alternent avec les parties bitumées. Pas de sanglier en vue. Seul un ramasseur de champignon, des vaches et quelques aboiements de chiens viennent nous tenir compagnie. Amignié dépassé, nous contournons le Tourvéon (944m) pour retomber sur le petit village de Vernay (100 habitants) avant de fouler Saint-Didier sur beaujeu à 10h30 trébuchante.

Stop ravito. Un michoko. Et direction la “grobe” les potos. Si tôt dit, si tôt arrivé.

Punaise déjà 38 kil et 6 heures de vagabondage au compteur et pas un écart au plan de route. Serait-ce du à la présence du métronome de Belledonne ou de la gazelle des vignobles ?

12h30. Marchampt sonne l’heure de la distanciation sociale. Merci les amis pour vos échanges et votre présence. Maintenant, à nous de terminer en beauté ce festin de longue durée.

Après Marchampt, il reste 36 kilomètres pour rejoindre en boucle notre point d’arrivée : Beaujeu.

Col de la croix Marchampt (685m), crêt de l’oiseau, ferme Sainte-Marie, Saburin…les jambes avancent, avec des hauts, des bas. Les bavardages ont laissé place aux regards complices de notre duo. L’allégresse des premiers kilomètres s’estompe avec la fatigue des derniers. Notre vitesse continue de flirter avec les 6 km/h. C’est le cap à tenir pour terminer avant 19h30.

59 kilomètres, 10 heures de course. Quincié en beaujolais pointe le bout de son nez. Pas le temps de s’éterniser sur notre quatre-heures, un dernier remplissage des flasques et en avant pour la dernière ligne droite.

Château de Varennes, croix des forces, la piste du Gaz. Ça grimpe, ça gadouille, ça baisse la tête mais notre duo avance. La frontale illumine maintenant nos pas. Oups une salamandre. Les jambes continuent de répondre, je sens ma douce fatiguée. Je scrute souvent la montre, je veux arriver sans faillir pour respecter le délai.

Pousse sur les bâtons ! Pouusssse ! À force de volonté la croix d’Andilleys fait son apparition. Reste plus qu’à dérouler jusqu’à la civilisation. Le bitume redevient l’unique terrain de sol. Les décorations de Beaujeu viennent éclairer nos dernières foulées. Et la magie opère totalement quand nous apercevons Manon, Fabien, Baptiste et son fiston Wylan venus spécialement partager notre arrivée.

12h50 d’effort, 74 kilomètres et 2700 D+. Surpris, extasiés, fatigués. Les émotions se mélangent et pétillent dans nos yeux de grands enfants.

C’est un beau cadeau ce sentier Estelle. Un présent à vivre, en famille, entre amis. Peu importe l’allure, à toi de chausser les baskets pour te l’offrir.

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