Marathon beaujolais 2011

Le réveil un jour de marathon est toujours particulier, les interrogations subsistent encore sur l’état de forme du jour mais celles ci disparaissent aussitôt le premier pied posé…douche, cardio, skins, massage pied+ crème, gâto sport…les petits gestes habituels aux sortie longues s’enchaînent de façon routinière.
Sauf qu’aujourd’hui le surplus d’excitation et les messages d’encouragement des proches me font bien sentir que ce ne sera pas une sortie longue comme les autres!
Une fois le clan badbornes rassemblé, nous voilà arrivés à Fleurie. Nos tenues orange récupérées la veille ont fières allure et nous donnent l’apparence de véritables pros!
Nous nous glissons à l’avant des 1300 participants et squattons la première ligne pour respecter notre stratégie de course: prendre du temps sur le Semi pour gérer la fin de parcours.
Le départ lancé, nous accélérons immédiatement, mais nous ne sommes pas les seuls…beaucoup partent également très vite et nous sommes souvent doublés…peu importe notre rythme est bon et à l’entrée de Lancié nous avons 2 minutes d’avance.
Nous gardons une allure soutenue, petit bémol mon cardio s’affole et indique fréquemment un 160, je tente bien de caler ma respiration mais la fréquence stagne autour des 160 alors qu’à l’entraînement elle se positionnait autour des 145/150, je me dis qu’avec l’excitation de la course elle va bien redescendre un peu plus tard.
Les premiers kilomètres défilent rapidement, nous courons groupés, et découvrons des portions non reconnues jusqu’alors en traversant les châteaux de Corcelles et Pizay. Je survolerais les ravitaillements à chaque fois car mon camel bag et mes gels me suffisent pour m’alimenter correctement tout au long du parcours et me permette ainsi de grapiller de précieuses secondes.
47’45 au 10ème kilomètre soit 2’15 d’avance…ça roule, les jambes vont bien mais nous sommes souvent doublés et cela commence à m’interroger sur leurs aptitudes: sont ils à bloc ou tout simplement plus rapides, je me confortes en me disant que nous doublerons sûrement certains dans la seconde partie.
Georges a des fourmis dans les jambes et relance notre allure dans les descentes, notre arrivée sur Cercié et la traversée du château de la Terrières résonnent grâce à la clameur de nos supporters et au rappel des corps de chasse…génial pour la motivation surtout qu’il s’agit maintenant de rejoindre les Ravatys…cette petite côte sera le moment où notre what else prendra son envol, avec Damien nous le verrons progressivement s’éloigner et nous ne le reverrons qu’à l’arrivée.
Depuis quelques kilomètres,Jean-Michel me suit en vélo, adepte des marathons, sa discrétion et ses encouragements me seront un précieux soutien jusqu’à Arnas. Mais pour l’instant, nous franchissons la ligne du Semi et le temps d’1h44’30” ne me satisfait pas vraiment..on a perdu presque toute notre avance et les jambes ne sont plus aussi légères. Pour la première fois je doutes sur mes capacités à courir 3h30, surtout que je continues toujours d’être doublé et cela commence à peser sur le moral car cela renforce cette sensation de lenteur.
Les prochains kilomètres vont bientôt révélés ce que je craignais…les jambes deviennent de plus en plus lourdes et le cardio confirme mes sensations musculaires…je n’arrive plus à maintenir la cadence et je perds régulièrement 20 à 30″ au kilomètre…bon je me ressaisis et me fixes un nouvel objectif, oublier les 3h30 et se concentrer pour ne pas exploser et terminer ce marathon en plus de 4 heures!
Déception plus ou moins avalée, nous continuons avec Dams dans la douleur…il n’est pas au mieux lui aussi et cela renforce notre solidarité…je ne sais pas si il y croyait encore mais il me demande si il nous reste de l’avance??? Je souris et je lui réponds que les 3h30 sont loins mais que Georges va nous venger.
Je tentes de relancer à chaque fois dans les descentes pour gagner quelques secondes…à l’approche du 27 ème kilomètre j’avertis mon compagnon qu’un arrêt pipi devient obligatoire, j’y songeais depuis le dixième kilomètres et lui m’en parlait sur la ligne d’arrivée…je m’arrête et il me lance qu’il m’attend en continuant tranquillement…la vidange effectuée les jambes ont vraiment du mal à repartir, j’aperçois mon Dam’s une centaines de mètres devant moi mais impossible de le rejoindre.
Telle une caravane je reste tanké derrière lui, et ces coureurs qui continuent de me doubler…arguhhh!!!…et là idée de génie je me vois finir comme dans Platoon quand les viets me courent après et que mon corps criblé de balle vient s’effondrer sur la ligne d’arrivée..la fatigue sans doute!mais pour cela il me faut une musique d’ambiance…j’entends encore retentir les premières mesures de can’t stop des red hot et je remercie the mother’s iPod de me sortir de ce guèpier…je ne vole pas encore mais bon je rejoins progressivement Dam’s et comble l’écart avant Arnas..il semble lui aussi bien touché et je prends quelques longueurs d’avance avant d’attaquer la principale difficulté du parcours soit 3 kms de montée…j’ai faim et j’engloutis une pâte d’amande et dévore un gel banane..mes mains sont gelées et une petite pluie renforce cette sensation de froid et d’humidité…dire que mes gants sont derrière dans mon sac mais j’ai peur qu’un arrêt me cloue trop longtemps au sol…Et puis les vietnamiens ne sont peut être plus très loin!
Oublié le tempo de l’entraînement où j’avalais ces hectomètres à la vitesse de 12 km/h, je lutte pour maintenir un petit 9 km/h et m’accrocher dès qu’un coureur me double…mais que c’est dur! Les jambes sont lourdes et un petit regard derrière moi me laisse entrevoir Dam’s qui semble revenir sur mes pas…bon la montée est finie, il reste environ 5 kms dont 2 ou 3 en descente et je peux encore espérer un chrono en 3h45…enfin cela reste brouillon car ma lucidité n’est plus au top!
Le retour sur Villefranche sur Saône s’amorce avec une belle portion descendante jusqu’à Louis Armand….ça paye d’avoir reconnu ce parcours car je sais qu’à partir de maintenant c’est roulant…je tentes alors de relancer le moteur mais je reprends rapidement les rames!…la descente c’est bien on va plus vite mais après 37 kilomètres de course les muscles vous rappellent bien à l’ordre…courir perpendiculaire à la pente, se relâcher, faire des petites foulées avec fréquence…je me martelle en tête de simples consignes pour contenir une certaine vitesse…on me double moins et je rejoins même certains coureurs qui semblent bien atteints…devant moi un gars se tient la cuisse et avance en boitant,crampes, élongation??pas d’apitoiement je reste dans ma course et n’oses pas l’encourager…je penses à Hubert et à ma pomme…à chaque bruit de foulée je me retourne en croyant voir arriver Damien…et c’est par surprise qu’il réapparaît au 39ème kilomètre…cool on s’encourage et on se voit bien finir ensemble..quelques secondes plus tard petit moment d’émotion quand retentit c’est dit de Calogéro dans mes oreilles..je l’avais glissé dans ma play list mais elle arrive comme celà…les larmes me montent rapidement et j’essaye de contenir tout ce flot d’émotion qui m’envahit…les images de Philippe me font oublier la douleur physique et me rappelle à son bon souvenir…je ne craquerais pas maintenant mon fifi…non même si des débuts de crampes au mollet droit commencent à arriver…je bois tout ce que je peux…ce moment restera gravé…bien nous rentrons maintenant dans Villefranche, portion inconnue et normalement facile…mais que ces 40 et 41 ème s kilomètres furent longs…la ville est maussade et froide…les marches de Mongré et des Halles sont glissantes et usantes…je regarde mon chrono et si tout va bien on peut encore finir sous la barre des 3h45…petite victoire alors je motive Dam’s et décide de tout lâcher…on s’accroche et je prends quelques dizaines de mètres d’avance pour terminer en 3h45’00” temps officiel et quelques secondes de moins avec le temps réel de la puce.
Dam’s termine également en 3h45 et une poignée de secondes, Georges explose le record des Badbornes avec un temps officiel de 3h33.
On se congratule avec Dam’s car nous sommes encore devenus marathoniens et même si nous n’avons pas atteint notre objectif nous explosons notre temps d’Annecy.Nous avons soufferts car nous marchons comme des playmobil, nous récupérons le taste-vin qui fait office de médaille..bof un peu trop cliché à notre goût…le marathon du Beaujolais ça s’est fait!
Ma joie est tempérée par la douleur physique endurée par ce marathon…les conditions climatiques ont elles jouées?…en tout cas le fait de courir également dans les avant poste du peloton(nous terminons dans les 300 premiers sur 1300) a été très difficile psychologiquement car j’ai toujours eu le sentiment de m’être fait doubler…ce qui joue énormément sur le moral, car à aucun moment je n’ai connu cette euphorie de course où les jambes tournent tranquillement sur le bon rythme…donc fin de course à travailler car je perds 15′ sur ma moyenne à partir du Semi.
Merci à toutes les personnes qui m’ont encouragé sur le parcours…bravo à tous les bénévoles car l’organisation est au top…l’aventure des badbornes continue car courir, soutenir et se souvenir sont devenues notre leitmotiv!

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8 réflexions sur “Marathon beaujolais 2011”

  1. gilles.jugnet@wanadoo.fr

    quelle émotion de lire cet article, bravo Cédric à te lire j’ai aussi des crampes…. on partage votre souffrance physique à chaque minute du parcours! vraiment soyez fiers de vous, vous l’avez fait avec un excellent résultat… DIXIT dame GUGNOT!!! c’est bien mérité! maintenant on attend le prochain … et peut être que je serais sur la ligne de départ du 12kms… et gillou cette fois ci sera là à l’arrivée avec son fût de bière…. FELICITATIONS A VOUS 5 il ne faut pas oublier les filles elles ont autant de mérite! bisous à tous

  2. Bravo les badbornes, vous pouvez etre fiers de vos performances
    Faire de telles ameliorations sur un tel marathon, chapeau
    Profitez bien de ces moments d’emotions intenses
    Doudou

  3. Quel récit émouvant , quelques visions de notre ami Philippe t’ont permis et vous ont permis d’aller au bout de votre challenge,la fierté d’avoir réussi doit être la seule chose à retenir, les souffrances sont encore dans les jambes aujourd’hui je suppose mais le résultat restera quant à lui pour toujours .Bravo les badbornes.Val

  4. Félicitations les badbornes : très belle performance. Merci Cédric ne nous refaire revivre toutes ces émotions … Vivement le prochain !!!

    Marlène

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