le coin des fous

Incroyable, mamamia, whatafuckingstory…les surperlatifs les plus fous me vinrent à l’esprit lorsque je découvris qu’une légende était rattachée à la croix de Rochefort (superbe spot du Beaujolais). Poisson d’Avril ou non, cette histoire inspirée d’un conte de Pascal Goudet fait écho aux fous que nous sommes devenus.

Il était une fois un pauvre trailer et sa femme qui couraient souvent sur leur lopin de terre. Le sol de l’Ain était tellement sec que leurs baskets s’usaient très vite.  Ils attaquaient souvent le sol du talon. Rien de bien surprenant chez des coureurs du milieu de peloton.
Un jour, ils reçurent la visite d’un accroc du dénivelé, Baptiste, qui leur dit qu’à une journée de marche de chez eux, une montée effrayait tous les trailers tant elle était ardue et difficile d’accès. Elle proposa à son mari : « Pourquoi n’irions-nous pas tenter cette grimpette? Ici, nous usons nos baskets à mordre la poussière. Là-bas, nous pourrions faire éclat et attirer des sponsors. » Son mari la regarda, préoccupé, et lui dit sur le ton de la confidence : « Je ne dis pas non, mais ne sais-tu pas que cette montée est habitée par un Ogre des bois ? Il est immense, poilu, et porte le surnom de STRAVA. Il dévore tous les trailers qui empruntent son segment. Le danger n’est écarté qu’à la nuit tombée, car c’est à ce moment qu’il dort. Tout le monde a peur. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée d’aller nous risquer sur ses terres escarpées.»
— Moi, je n’ai pas peur ! dit Céline, en riant. Je prendrais une frontale et quelques tucs. Je t’en prie, allons-y. »
Cédric finit par accepter. Ils remplirent leurs flasques et enfilèrent leur baskets. Après un jour de marche, ils arrivèrent proche de Rochefort. Jorge, un coureur local, leur indiqua immédiatement la trace à suivre.
« Tou peux essayer de suivre le cheminch, dit Jorge à Cédric. Veilléch toutefois à ne pas vous perdre. Ne couréch qué le soir car ché le moment où l’ogre se reposhhh, il est si trouelle

Ils prirent rapidement le chemin. Soucieux, ils regardaient parfois le soleil qui descendait à l’horizon. Alors qu’ils étaient en plein effort, l’ogre jaillit de derrière un arbre, assomma Cédric et attrapa Céline. Elle résista de toutes ses forces, mais ce fut peine perdue. Il l’emmena au fin fond de la forêt. Là, Céline dut lui faire la lessive et la cuisine (c’est vraiment une légende).
De nouveau sur pied, Cédric partit à sa recherche. À l’orée de la forêt, il découvrit son coupe-vent WAA. Il eut très peur.Tristement, il le ramassa puis se ravisa brusquement. Il orienta sa recherche en suivant son odeur à la trace.
Sur le chemin, il rencontra Pat. Il était connu pour ses cueillettes de champignons. Sa démarche était proche d’un fou de la diagonale. Bancale, mais vaillante.
Ils s’enfoncèrent tous deux dans la forêt et ne tardèrent pas à découvrir son repère. Il s’était caché afin de les surprendre.
Il saisit les deux hommes de ses mains poilues. Pat cria : « Si tu ne nous lâches pas, je vais devenir le King Of the Mountain sur le segment de Rochefort», dit-il, essouflé. L’ogre libéra immédiatement les deux hommes.
« Tu n’es pas capable de réaliser un KOM avec tes cuisses de fourmis. Tu te prends pour JORNET ! maugréa-t-il.
D’un bloc, Pat attaqua la pente “dré dans le pentu”. Son souffle rauque raisonnait dans les bois jusqu’à laisser poindre sa silhouette au sommet de Rochefort. L’ogre eut très peur et n’osa plus bouger, car rien ne le terrifiait plus que de perdre la face chez lui. À présent, il ressemblait plus à un marathonien dans le mur qu’à un redoutable finisher.
« Éfface ce KOM! Éfface cet affreux record ! s’écria-t-il avec effroi.
— Je ne le ferai que si tu promets de partir d’ici, cria Pat. Tu dois partir au-delà des contrées du Beaujolais et ne plus jamais revenir. Si tu le promets, je ne gaverai plus mon flux d’activité . — D’accord ! D’accord ! Je partirai ! »
Il effaça son chrono. L’ ogre abandonna les lieux et s’éloigna à jamais.

Sans attendre, Pat construit une croix en boisToute la vallée apercevra cette croix, elle sera le ralliement de fous bien plus sages que lui », expliqua-t-il.
Depuis ce jour là, de plus en plus de coureurs entendent parler de la croix de Rochefort.

La légende raconte que des fous courent toujours.

Retour en haut